Les grimpeurs les plus célèbres : de Khergiani à Steck

Ce n’est pas seulement la Russie qui a offert au monde d’excellents grimpeurs. Les pays voisins, proches ou lointains, y ont également contribué.

Commençons cette liste de héros grimpeurs avec un grimpeur géorgien très célèbre, dont le nom est immortalisé dans celui d’une falaise en Crimée, où se sont souvent déroulées des compétitions d’escalade .

Grands alpinistes et grimpeurs

Géorgie

Mikhaïl Khergiani (1932-1969) est souvent qualifié de Géorgien, mais à proprement parler, il était Svan. Sa région natale est la Svanétie, une région montagneuse de Géorgie où se trouve l’Ushba, un rêve pour de nombreux alpinistes du monde entier.

Ce grimpeur et alpiniste légendaire a eu une vie relativement courte, mais il a laissé une empreinte inoubliable dans l’histoire de l’escalade et de l’alpinisme. Il a été de nombreuses fois champion en escalade.

Ceux qui connaissaient Mikhaïl Khergiani disent qu’il ne grimpait pas, mais qu’il dansait sur les rochers. Il le faisait avec une telle simplicité et naturel ! Ce n’est pas sans raison qu’il a reçu le titre de “tigre des falaises”, un titre également attribué au premier ascensionniste de l’Everest, Tenzing Norgay.

La mort de cet alpiniste en Italie lors d’une ascension d’entraînement a été une totale surprise pour tous.

À la demande de son père, Mikhaïl Khergiani a été enterré dans sa terre natale selon les traditions svanes. À Mestia, un musée-maison lui est dédié depuis 1989.

E. Evtouchenko lui a consacré un poème intitulé “La corde de Khergiani” :

“Il y a dans la maison de Mikhaïl Khergiani la corde qui l’a trahi, résonnant comme une corde tendue au bord du bien et du mal, de tout et de rien. Seule la hauteur l’apaisait, mais la hauteur ne l’a pas sauvé, et le craquement du nylon sur les falaises italiennes a ébranlé toutes les fenêtres des maisons svanes. Je touche les fibres pelucheuses, trompeuses, presque métalliques à l’œil. Comment peut-on faire confiance aux hommes et aux cordes avec une touche de trahison, cachée en eux !”

Ukraine

Sergueï Bershov Le célèbre grimpeur, alpiniste et skieur natif de Kharkiv Sergueï Igorevitch Bershov (né en 1947).

Il est entré dans le sport selon le principe : “le malheur des uns fait le bonheur des autres”. Souffrant d’une maladie cardiaque, il a reçu une stricte interdiction des médecins de pratiquer un sport. Mais le jeune Bershov a défié ces recommandations, et dix ans plus tard, le diagnostic n’a pas été confirmé.

Sergueï Bershov était l’un des pionniers de l’escalade, qui commençait à se développer en URSS dans les années 1960.

Bershov a remporté quinze fois les championnats de l’URSS d’escalade.

Il a également remporté six fois des compétitions internationales. Il est important de noter que, à cette époque-là, il n’y avait pas de murs d’escalade . Les entraînements avaient lieu sur des parois naturelles ou les façades de vieux bâtiments en briques.

Maksym Petrenko Maksym Petrenko (né en 1978) est un exemple classique d’intégration dans l’escalade grâce à l’influence des parents.

Aujourd’hui, Maksym fait partie des dix meilleurs grimpeurs dans la catégorie « difficulté ». Il a commencé son parcours sportif impressionné par les sorties de ses parents grimpeurs dans le Caucase, au Tadjikistan, et dans des villages proches de sa ville natale Louhansk, comme Zouïevka et Ouspénka. À un moment donné, ses parents l’ont découragé d’intégrer une école spécialisée en football, et à 12 ans, il s’est passionné pour l’escalade.

M. Petrenko est maître des sports de classe internationale et le seul grimpeur ukrainien à avoir obtenu un podium dans la catégorie « difficulté ».

Pour Maksym, l’escalade est comme une drogue, et seule la foi en lui-même l’aide à surmonter les itinéraires les plus difficiles.

Il maintient une forme physique tout au long de l’année : course, préparation physique générale, entraînement sur rochers (bloc, résistance et endurance). Selon lui, une seule pause d’un mois entraîne une perte de forme, mais une accumulation de fatigue nécessite impérativement du repos.

Actuellement, il vit en Europe avec sa famille.

République tchèque

Adam Ondra Adam Ondra (né en 1993) a suivi les traces de ses parents pour se lancer dans l’escalade.

L’éducation à l’escalade d’un enfant comme Adam a rapidement porté ses fruits.

À 6 ans, il a réussi à franchir un itinéraire de difficulté 6a, et à 8 ans, un 7b+.

Les efforts de ses parents (bien sûr avec la participation d’Adam !) ont donné des résultats très vite. À ce jour, ce jeune homme est le seul à détenir simultanément deux coupes du monde dans les disciplines d’escalade (difficulté et bloc), ainsi que le titre de champion du monde.

Malgré son jeune âge, il est le pionnier de la catégorie de difficulté des voies en 9b+. À son actif, plus de trois cents itinéraires d’une difficulté de 8b franchis.

Et, à en juger par la détermination d’Adam, il ne compte pas se reposer sur ses lauriers et ses titres.

Suisse

Ueli Steck Ueli Steck (1976) est un alpiniste et grimpeur bien connu. En 2005, il figurait parmi les trois meilleurs alpinistes d’Europe. Dès l’âge de 17 ans, il avait atteint le 9e niveau de difficulté en escalade.

Il ne participe pas aux compétitions. Cependant, il détient plusieurs records de vitesse pour certaines des routes les plus exigeantes des Alpes .

Ueli Steck est un adepte de l’idée pure de l’escalade en solo. On l’a même surnommé le “superman suisse”.

Japon

Le pays du Soleil-Levant peut à juste titre être fier de ses grimpeurs : Sachi Amma, Masayuki Nakamura (25 ans d’expérience en escalade !), le jeune Toru Nakajima (19 ans), Dai Koyamada (1976).

Sachi Amma a été vainqueur aux Jeux mondiaux de 2009 dans la catégorie « difficulté ».

En 2013, il s’est fixé l’objectif de parcourir toutes les voies difficiles des falaises de Horai au Japon. Et il a rempli cette tâche avec honneur.

Ce petit et persévérant Japonais s’est donné un objectif pour 2015 : franchir 10 itinéraires d’escalade de la 9e catégorie (et au-delà) de difficulté. Lentement mais sûrement, il a poursuivi son plan. Les falaises de France, d’Espagne et d’Allemagne ont cédé devant la ténacité du Japonais. Sa détermination et son endurance sont remarquables.

Sachi Amma a également réalisé plusieurs séances d’entraînement d’escalade sous la direction du célèbre gourou de l’escalade Ludwig Korb dans le prestigieux centre d’entraînement Gimme Kraft en Bavière.

Ludwig (Dicki) Korb, conjointement avec Patrick Matros (chercheur dans le domaine sportif), a écrit un manuel pour ceux qui veulent apprendre à grimper, améliorer leurs compétences et découvrir une nouvelle approche de l’entraînement.

Malheureusement, le livre n’est disponible qu’en anglais et en allemand sous le titre Gimme Kraft.

France

Alex Chabot Alex Chabot est considéré comme le grimpeur le plus original et controversé.

On le surnomme le « danseur de strip-tease ».

En 2006, son nom a été au cœur d’un grand scandale.

Alex défendait le droit des sportifs de ne pas mélanger argent, politique et sponsoring avec la compétition.

Pour lui, l’escalade est un style de vie. Dans cet esprit, il voyage beaucoup. Dans chaque pays, il échange avec des grimpeurs partageant la même philosophie.

En Argentine, il a été séduit par la conviction des grimpeurs locaux que tout devrait rester naturel, sans modification des rochers.

En Arménie, il a ouvert de nombreuses voies sur des roches basaltiques uniques.

En 2012, il a gravi en onsight l’une des plus difficiles et magnifiques voies du Mont Blanc, à une altitude de 3600 mètres.

Ce Français excentrique a remporté vingt-et-une Coupes du Monde et six championnats de France.

Exclu des compétitions, il a occupé son temps en élaborant des projets grandioses pour parcourir des itinéraires classés dans la 9e catégorie de difficulté.

Voilà un Français qui ne connaît pas l’ennui !

Allemagne

Kurt Albert Kurt Albert (1954-2010) est considéré comme une légende de l’escalade allemande.

Il a découvert sa passion pour l’escalade à l’âge de 14 ans. Il l’a apprise de manière autonome. Sa passion était si forte qu’il pouvait gravir jusqu’à 20 itinéraires en deux jours de week-end.

Il fut l’un des premiers à se consacrer à l’escalade libre.

C’est grâce à lui que le terme « redpoint » a vu le jour, désignant le franchissement d’une voie en escalade libre. Cela représentait sa réponse à l’utilisation d’appuis artificiels.

Selon Kurt, dans les années 1970, l’escalade avec des points artificiels avait atteint une impasse dans son développement.

L’influence de ce sportif allemand sur l’évolution de l’escalade mondiale est immense. Ces dernières années, il vivait en Suisse, mais il est décédé dans des circonstances encore non élucidées.

En 2010, il accompagnait un groupe sur une voie équipée. Il a chuté d’une hauteur de 18 mètres. Deux jours plus tard, il est décédé. Combien de fois les vies des grimpeurs se terminent-elles de cette manière tragique ! C’est là tout le risque de ce sport extrême.

Dans sa vie quotidienne, Kurt Albert était enseignant en mathématiques et physique.

Il aimait voyager et participait souvent à des expéditions extraordinaires, au cours desquelles il recherchait de nouvelles voies intrigantes et inédites aux quatre coins du monde.

Et cette liste de grimpeurs célèbres pourrait encore s’étendre…

Chaque année, de nouveaux noms, de nouveaux héros et de nouveaux vainqueurs de falaises émergeront.