Les touristes d’Ukraine, de Russie et de Biélorussie ont beaucoup de chance : un grand nombre de rivières et de lacs offrent des opportunités pour pratiquer le tourisme nautique dans chaque région.
Cette discipline favorise l’esprit d’équipe, la force, l’endurance, la concentration et le sang-froid. Faisant partie de l’éco-tourisme, elle a un impact minimal sur la nature (lorsque, pour des tours commerciaux, les lits des rivières ne sont pas dynamités). L’objectif est de compléter un itinéraire comprenant une section de rivière, un réservoir, un lac ou une combinaison de plusieurs plans d’eau.
Types de tourisme nautique
La grande variété d’activités extrêmes sur l’eau rend difficile une classification précise. Dans la littérature spécialisée, ce domaine inclut tout, du plongeon à la pêche sportive. Je vais me concentrer sur une classification basée sur les types d’embarcations.
Rafting
Les expéditions en radeaux pneumatiques ont gagné une popularité phénoménale au cours des cinquante dernières années. Pour la première fois, les amateurs soviétiques de nautisme ont découvert le rafting en 1989 lors des compétitions soviéto-américaines « Project Raft », où, à la surprise générale, notre équipe a remporté la victoire. Elle a également triomphé l’année suivante aux États-Unis. Depuis 1997, le rafting possède sa propre fédération internationale, IRF .
Type de tourisme nautique : rafting
Les radeaux pneumatiques de 6 à 8 places diffèrent fondamentalement des autres embarcations de descente, et possèdent donc leurs propres méthodes et techniques de manœuvre : punching, high-siding, low-siding, downstream flip, darksiding, et d’autres.
Si vous disposez de moyens pour transporter et récupérer les embarcations, et que vous avez besoin d’emporter beaucoup d’équipements, le radeau pneumatique est la solution idéale. C’est précisément pour cette raison qu’il est si apprécié des organisateurs de tours commerciaux.
Rafting en Nouvelle-Zélande. On ne peut qu’envier ces gens-là.
Les modèles de radeaux multi-places sont moins maniables dans les rivières peu profondes et plus difficiles à manœuvrer dans les virages et les passages étroits. Dans certaines conditions, un catamaran peut être une alternative.
Descente en kayak, canoë et aviron
Les petites embarcations étroites et individuelles sont moins populaires que le rafting, car leur utilisation nécessite une certaine compétence.
Les kayaks fermés pour une personne sont idéaux pour les eaux calmes, bien que pour un rameur expérimenté, les eaux vives ne posent pas non plus de problème. Le kayak se distingue par une faible capacité de charge et de grandes dimensions, le rendant moins pratique pour le transport et l’utilisation lors des expéditions. Pour en savoir davantage sur les voyages en kayak, consultez l’article Descente en kayak pour les débutants .
Les bateaux touristiques étroits et légers existent dans des dizaines de variantes : démontables ou non-démontables, pneumatiques, en bois, pliables, ultra-légers ou lourds, équipés de voiles, etc. Une embarcation démontable est pratique pour le transport, mais n’est autrement pas inférieure à une structure monolithique. Plus le bateau est long et étroit, plus il est rapide ; toutefois, pour naviguer en eaux vives, des embarcations courtes et très manœuvrables sont préférées.
Les canoës ouverts sont plus fonctionnels et offrent une meilleure capacité de charge que les kayaks et les avirons, bien qu’ils leur soient inférieurs en termes de vitesse et de manœuvrabilité. On trouve même des modèles pneumatiques capables de naviguer dans des zones envahies de la végétation le long des rivières paisibles. Dans un canoë, il est un peu plus difficile de maintenir la stabilité, car le centre de gravité de la rameur se situe au-dessus de l’eau. Cependant, pour des itinéraires tranquilles, cela présente des avantages : la possibilité de charger davantage de matériel, d’accueillir 2 à 4 personnes, et d’avoir un accès permanent à ses équipements. Commencer vos premières explorations nautiques avec un canoë peut être un excellent choix.
Descente en catamaran
Le site de ce webzine contient une série d’articles sur le catamaraning. Ce terme englobe l’histoire du tourisme nautique sur une époque entière, un sujet abordé dans l’article Histoire de l’apparition des catamarans .
Catamaran pour expéditions nautiques
Les catamarans touristiques se composent le plus souvent de deux gondoles gonflables montées sur une structure légère et peuvent accueillir entre 2 et 4 personnes (rarement jusqu’à 8). Parmi les avantages de ce type d’embarcation, on peut citer sa compacité une fois démontée, son faible tirant d’eau, sa vitesse, l’immense variété de modèles disponibles et la possibilité d’emporter un matériel lourd. Il est adapté aussi bien pour les rivières calmes que pour les eaux agitées, il est stable, sûr et conçu pour être facilement transporté. Entre les deux gondoles, il est possible de monter un pont, d’ajouter une voile ou de fixer un tableau arrière pour un moteur. Les catamarans modernes représentent une alternative idéale aux radeaux.
Yachting et tourisme à voile
L’une des formes de tourisme aquatique les plus captivantes et les plus techniques est la navigation sous voile que ce soit le long des côtes marines ou sur les voies navigables intérieures. Pour profiter au maximum d’une excursion sous voile, il est important de comprendre les éléments de physique liés aux courants et au vent, et de toujours garder le contrôle de l’embarcation.
La navigation maritime à la voile est régie par le Règlement international pour prévenir les abordages en mer ( COLREG ). Sur les eaux intérieures, des règles similaires peuvent s’appliquer, comme par exemple le règlement européen CEVNI.
Il est possible d’adapter une voile même sur un canoë ; les Polynésiens voyageaient avec succès sur ce type d’embarcation il y a des milliers d’années. Cependant, il serait erroné de dire que le yachting et la voile sont accessibles à tout le monde. Naviguer seul sur un bateau soumis aux forces combinées des trois éléments naturels n’est pas à la portée des débutants. Même dans des conditions météorologiques idéales et sur des plans d’eau paisibles et protégés, la navigation peut ne pas être totalement sûre : le temps peut changer rapidement et une petite embarcation peut devenir difficile à maîtriser.
Conclusion : les embarcations pour les descentes touristiques peuvent être de différents types. L’essentiel est qu’elles soient adaptées au niveau de difficulté du parcours et que les participants ne rencontrent pas de difficultés pour les manœuvrer.
Pour le tourisme nautique, les aspects importants sont la facilité de transport et la capacité de charge de l’embarcation. Par exemple, transporter un emballage de 80 kg contenant un radeau peut être peu pratique, mais ce dernier permet de transporter l’équipement de tous les passagers. Il arrive parfois que le lieu de départ soit accessible en train, puis qu’il faille utiliser un véhicule (dans le meilleur des cas), ce qui rend les embarcations démontables et faciles à distribuer entre les sacs à dos des membres de l’équipage particulièrement intéressants. Les catamarans, les kayaks gonflables et les canoës excelleront dans ce genre de situation.
Équipement et accessoires
Selon le type d’embarcation, l’équipement et les accessoires d’un voyageur aquatique présentent des particularités. Certains éléments d’équipement personnel sont particulièrement importants pour la sécurité sur l’eau et méritent une attention particulière dans le cadre des recommandations générales :
- Gilet de sauvetage. Même si vous êtes un nageur expérimenté, les tourbillons des rivières n’en tiennent pas compte. Dans une situation imprévue sur des eaux vives, si vous perdez connaissance, seul un gilet peut vous sauver.
- Protection pour la tête, indispensable lors des descentes touristiques organisées. Il est déconseillé de la négliger lors d’excursions en pleine nature. Les casques légers et solides sont tout particulièrement importants pour affronter les rapides tumultueux sur des radeaux et des catamarans.
Casques de protection
- Combinaison de plongée ou tenue étanche pour le mauvais temps, indispensables pour les voyages de longue durée. Avant que ces équipements ne deviennent accessibles, les pantalons en polyester dense étaient populaires, car l’eau ruisselle rapidement dessus et ils sèchent vite. Cela reste une alternative, mais une bonne combinaison néoprène est préférable.
- Chaussures légères fermées ou sandales aquatiques spécialisées. Il est strictement interdit d’être pieds nus sur l’embarcation ou lors des débarquements. Cela peut ne pas sembler évident, mais de vieilles baskets ajourées peuvent bien faire l’affaire pour une excursion nautique, tant que l’eau peut s’écouler facilement et que les pieds sont protégés.
Sandales pour le tourisme aquatique
- Pulls et chaussettes en laine naturelle. Il peut faire très froid sur l’eau, et les nuits à proximité d’un point d’eau sont encore plus fraîches. Ne négligez pas les vêtements chauds.
- Gants de rameur. Ils protègent contre les ampoules, surtout dans un environnement humide.
- Sacs hermétiques ziplock, pour emballer séparément des affaires de rechange, des documents, des allumettes, une lampe de poche, un insectifuge, des serviettes.
- Trousse de secours : antibiotiques pour prévenir les infections intestinales, paracétamol, matériel de pansement et hémostatique, antiseptique, crème pour brûlures.
- Sac à dos et sac de couchage étanches.
Pour des conseils plus détaillés, il est conseillé de lire la liste d’équipement de Valentin Evtafiev pour les touristes aquatiques. Rédigée dans un style de journal de voyage, elle est à la fois divertissante et utile.
Catégories de difficulté des rivières et itinéraires
Il existe trois principales classifications internationales du niveau de difficulté des rivières : l’International Scale of River Difficulty (American Whitewater), la version de l’International Canoe Federation et celle du Deutscher Kanu-Verband. En Russie, une classification spécifique a été développée. Vous pouvez consulter le tableau d’évaluation des obstacles aquatiques dans l’Acte normatif pour le tourisme sportif et de santé, page 102.
Le choix d’un cours d’eau pour un voyage nautique peut ressembler à une véritable exploration de la littérature et de la documentation thématique. Heureusement, des passionnés ont déjà compilé plusieurs archives , dont une est publiée dans le magazine web « Tourisme aquatique d’Ukraine ». Cette archive regroupe des ouvrages sur les itinéraires allant de l’Altaï à la Yakoutie. Nous avons également parlé précédemment des meilleures rivières pour les descentes en Russie .
Bibliographie
Il est préférable de rechercher des itinéraires intéressants dans les anciens livres soviétiques, qui ont été numérisés en abondance et sont disponibles en version électronique. Ce qui rend les livres soviétiques sur le tourisme sportif si intéressants : ils regorgent d’astuces pratiques et de données bien documentées et révisées sur le sujet. Plusieurs de ces ouvrages sont mentionnés dans la dernière section.
Sécurité lors d’une randonnée aquatique
J’ai lu le code de l’American Whitewater Organization, et il s’est avéré être un guide de sécurité extrêmement concis et précis pour la navigation en eaux vives. Je recommande de vous familiariser avec le code dans sa version originale, et voici quelques-uns des principes les plus marquants.
Responsabilité personnelle :
- Être un bon nageur capable de se gérer sous l’eau.
- Toujours porter un gilet de sauvetage et un casque.
- Garder son sang-froid dans une situation critique.
- Se souvenir que la rivière est : froide, rapide et qu’elle cache des dangers sous la surface.
- Ne jamais partir seul. Un groupe minimum de 3 personnes est nécessaire.
- Évaluer les risques.
- Pratiquer les techniques d’auto-assistance et les premiers secours, y compris le sauvetage après un chavirement (par exemple, l’esquimautage). Comprendre clairement ce qu’est l’hypothermie.
- Être dans un bon état physique et mental avant le départ.
- Ne pas négliger son équipement.
- Assumer la responsabilité des décisions prises et ne pas mettre en danger soi-même ou les membres du groupe.
- Bien connaître l’embarcation et l’itinéraire avant la sortie.
- Sauver soi-même et le groupe, et non l’équipement.
- Éviter la déshydratation.
Préparatifs avant la descente. L’expéditionnaire donne un briefing sur la sécurité avant la navigation sur des radeaux.
Histoire du tourisme aquatique en Russie
Après la Seconde Guerre mondiale, cette activité a commencé à se développer activement, à la fois sous forme organisée et spontanée. Le tourisme aquatique est un phénomène purement soviétique.
Période du « dégel »
Dans les années 1960, la période appelée le « dégel » a vu les expéditions « à la brume et à l’odeur de la taïga » devenir particulièrement populaires. C’est à cette époque qu’est apparu un grand nombre de talentueux poètes-chanteurs (bardes) dont les chansons résonnent encore autour des feux de camp. Et bien sûr, le légendaire kayak à structure métallique « Taïmen », véritable reine du tourisme pendant longtemps. Grâce à cet engin, les amateurs soviétiques de rivières ont commencé à explorer activement les cours d’eau abondants de l’Union : des petites rivières forestières des plaines aux torrents rugissants taillant leur chemin à travers les chaînes montagneuses.
L’ère des catamarans
Les itinéraires complexes suscitaient un grand intérêt, mais restaient impraticables pour les kayaks. Dans les années 1970, le premier catamaran sportif a vu le jour, conçu par le Moscovite Sergueï Papouch. Cet engin a été testé sur les rivières les plus difficiles de l’Union soviétique et s’est révélé d’une efficacité impressionnante. Depuis, sa conception originale a été modifiée de nombreuses fois, et aujourd’hui, le catamaran est probablement l’embarcation la plus prisée pour les descentes aquatiques en Russie. L’idée de Papouch a été développée dans toutes les directions possibles.
Les équivalents étrangers de nos kayaks et catamarans sont le kayak et le raft. Les kayaks sont apparus chez nous un peu après les rafts. Ces embarcations ont été progressivement maîtrisées, bien que cela n’ait pas toujours rencontré un succès immédiat. La niche de la petite embarcation sportive n’avait pas encore été occupée avant l’arrivée des kayaks : ces embarcations en plastique pour une personne, contrairement aux kayaks à structure métallique, permettent aux sportifs expérimentés de franchir des rapides relativement difficiles.
Avec les rafts, la situation était un peu différente : la niche des embarcations de grande capacité était déjà occupée par les catamarans. Cette embarcation démontable convenait parfaitement au transport, se comportait bien sur toutes les eaux, et de plus, beaucoup avaient appris à les fabriquer eux-mêmes. À l’époque, il n’y avait tout simplement pas de rafts commerciaux disponibles, et ils n’apparaissaient que lors de compétitions.
Le tourisme aquatique moderne
Après la chute de l’URSS, cette activité a connu un tournant décisif. Privée de financement étatique, de nombreux clubs et sections ont fermé, et leurs participants ont dû mettre temporairement de côté les sorties régulières pour affronter les difficultés des années 1990.
Cependant, il y avait un revers à cette médaille : les plus ingénieux ont appris à confectionner eux-mêmes des catamarans et des kayaks en utilisant des matériaux improvisés, comme les bâches de camions, tout en modifiant et améliorant les modèles existants.
Les expériences des collègues étrangers sont devenues accessibles, tout comme de nouveaux équipements et matériaux. C’est pourquoi, dès la sortie de cette période de crise, le tourisme aquatique en Russie a connu une croissance rapide. Une nouvelle génération d’« amateurs d’eau » a vu le jour, ancrée dans les traditions de l’ancienne école avec ses randonnées et son esprit sportif, tout en y intégrant des éléments modernes comme les compétitions, l’utilisation de nouveaux équipements et embarcations.
Références et littérature
- “Tourisme aquatique” E. Romashkov, R. Piatychev, V. Filatov, A. Doubrovski, 1968.
- “Guide du touriste” Lev Tripolski, 1959. Guides « 33 itinéraires ».
- “Excursions aquatiques sportives : Comment gérer leur niveau de danger” Vetkin V.A., 2014.
- “100 itinéraires pour voyages en kayak” Voronov Y.B.
- “Sur le kayak – pour l’inspiration” Aronov G., Goldstein M., 1980.
- “Itinéraires aquatiques de l’URSS. Partie asiatique” Grigoriev V.N., Mitrofanov V.V., 1976.
- “Excursions sportives en radeaux” Kalikhman A.D., Koltchevnikov M.Y., 1985.
- Bibliothèque électronique sur le tourisme aquatique (environ 20 publications).
- “Équipement du touriste nautique” V. Grigoriev 1986.