Chaque année, la collection des sports d’hiver s’enrichit de nouvelles disciplines. Certaines restent l’apanage des amateurs, tandis que d’autres acquièrent une reconnaissance internationale et, avec le temps, entrent dans le programme des Jeux olympiques d’hiver.
Il y a dix ou quinze ans, des termes comme curling, skeleton, short-track, half-pipe ou slopestyle étaient peu connus, mais aujourd’hui, ce sont déjà des disciplines olympiques. Il existe cependant des formes d’extrêmes hivernales encore plus récentes !
Dry Tooling
Les piolets, les crampons et autres équipements sont apparus en même temps que l’alpinisme. Mais le « dry tooling » ou escalade sur matériel sec est une forme tout à fait récente de sport. Elle est surnommée en plaisantant « la forme la plus maladroite de l’escalade ». Cette discipline est une excellente alternative pour les sportifs peu enthousiastes à l’idée de grimper sur la glace et qui préfèrent s’entraîner dans un environnement plus contrôlé.
Il s’agit d’une forme d’alpinisme nécessitant l’ascension de pentes presque verticales à l’aide d’outils spécifiques - des piolets pour escalade sur glace dans les mains et des chaussures cramponnées aux pieds. Le dry tooling possède une technique spécifique, différente de tous les autres types d’escalade. Quelques points techniques importants sont décrits dans l’article Three Drytooling tips.
Les pratiquants utilisent principalement le dry tooling sur des surfaces rocheuses nues entre les saisons ou de plus en plus dans des endroits affectés par le réchauffement climatique. Les lieux propices à cette discipline sont principalement des grottes ou des falaises verticales inadaptées à l’escalade traditionnelle. Les parcours sont généralement composés à 50 % de structures naturelles et à 50 % de trous percés, entailles et prises créés par les alpinistes pour l’équipement d’escalade sur glace.
Ces modifications provoquent toutefois des disputes avec les adeptes de l’alpinisme classique. En effet, les pratiquants de dry tooling endommagent les prises habituelles ainsi que les lieux d’accroche sur les parcours aménagés, provoquant la colère des alpinistes traditionnels. Par ailleurs, les surfaces rocheuses égratignées et marquées sont considérées comme disgracieuses, même pour une personne qui n’a jamais pratiqué l’escalade.
Il s’agit d’une méthode technique et extrême de grimpe, où la majorité des mouvements sont peu naturels et maladroits, nécessitant des solutions inventives et une excellente préparation physique.
Des entreprises comme Petzl, Black Diamond ou encore la société russe Krukonogi ont commencé à produire du matériel spécialement conçu pour le dry tooling.
Aujourd’hui, les adeptes de ce sport disposent de parcours spécifiques, dont la difficulté va de la plus simple à la plus complexe (de M1 à M15), incluant des pentes abruptes, inversées ainsi que des terrains mixtes (combinant glace et roches). De nombreux circuits se trouvent en Crimée, dans le Caucase, dans les Tatras tchèques, dans les montagnes norvégiennes et au Canada.
Par ailleurs, des murs d’escalade spécialement conçus pour le dry tooling sont aménagés, en pierre comme en bois. On notera que presque tous les débutants en escalade commencent leurs ascensions sur ce que l’on appelle dans leur jargon « les panneaux en bois ».
L’éthique et l’esthétique du dry tooling écoresponsable sont décrites dans l’article Rules for Dry Tooling .
Naturbahn
Le naturbahn est une discipline de luge peu connue, mais beaucoup l’ont pratiquée en amateur sans même s’en rendre compte. Derrière ce terme allemand - Naturbahn (traduction : piste naturelle) – se cache tout simplement la descente en luge sur une pente naturelle, comme les enfants qui s’élancent des toboggans enneigés.
D’ailleurs, lors de la préparation des pistes pour les compétitions internationales, la règle de la « naturalité » est strictement contrôlée : il est rigoureusement interdit de modifier artificiellement le terrain (par exemple en surélevant la piste), d’utiliser de la neige artificielle ou d’ajouter des produits chimiques dans la neige naturelle pour en prolonger la conservation.
Les règles spécifient la longueur du parcours (généralement de 0,8 à 1,2 km), le nombre de virages, leur courbure, le rayon des trajectoires, ainsi que la pente moyenne et maximale de la piste (respectivement 13 et 25 degrés). C’est un véritable sport d’hiver extrême et riche en adrénaline.
Ce sport est pratiqué en Europe depuis longtemps et les championnats continentaux se tiennent depuis 1970. Il y a eu une tentative courageuse d’intégrer cette discipline au programme olympique, mais elle n’a pas été soutenue par la fédération internationale de luge - le naturbahn reste peu connu en dehors de l’Europe.
Les compétitions se déroulent dans trois catégories : simple et double pour les hommes, et simple pour les femmes. D’excellentes conditions pour l’entraînement et l’organisation de tournois sont réunies dans les contreforts alpins d’Autriche et d’Italie. De bonnes pistes sont également disponibles en Allemagne, en Suisse et en Pologne. Récemment, une piste répondant à toutes les normes modernes a été ouverte en Russie. La première étape de la Coupe du Monde de Naturbahn 2019 est prévue à Moscou.Skwal (skwal)
À première vue, il s’agit d’un snowboarding classique. En effet, lorsque cette discipline est apparue dans le milieu des sports de glisse, même les responsables sportifs la considéraient comme une variante du snowboarding. Les skwalistes participaient aux compétitions aux côtés des snowboardeurs. Cependant, en raison de leurs victoires répétées, le skwal a été reconnu comme une discipline indépendante.
L’origine du skwal est aussi intéressante que l’invention de cet équipement. Le célèbre skieur français Patrick Balmain avait maîtrisé aussi bien la technique du ski classique que le snowboarding. Incapable de se décider entre les deux disciplines, il inventa une planche combinant leurs caractéristiques.
La planche de skwal est un hybride entre un ski alpin et un snowboard. Elle est plus étroite au centre et s’élargit aux extrémités. Une autre différence principale avec le snowboard réside dans la position de l’athlète, qui se tient face à la pente, ce qui permet de réaliser des virages serrés et profonds dans les deux directions. Toutefois, la descente en skwal exige une maîtrise technique accrue et une préparation spécifique.
Cette discipline est encore jeune mais gagne de plus en plus d’adeptes. Son succès croissant se fait ressentir également en Russie. Les entreprises spécialisées proposent désormais des équipements adaptés issus des meilleurs fabricants européens. Une communauté active de skwalistes russes partage des impressions sur le nouveau matériel, informe sur les pistes découvertes, échange des conseils et publie des photos sur un forum dédié.
Snowscoot (Snowscoot)
Que faire pour les amateurs de VTT en hiver, lorsque tout est couvert de neige ? Aucun problème : il existe le snowscoot ou bikeboard, un hybride entre un snowboard et une trottinette classique.
La structure du snowscoot se compose de deux larges planches avec des extrémités incurvées. La planche principale, plus longue, accueille le cadre et les fixations pour les pieds du rider. La seconde planche, plus courte, est reliée au guidon de type VTT et permet de contrôler la direction ou de freiner. L’athlète pilote cet « engin des neiges » en position debout, les genoux légèrement fléchis.
Le snowscoot a été inventé en France en 1991 par Franck Petoud lors du Concours Lépine. Il a breveté ce nouvel équipement la même année.
Test du nouvel équipement, années 1991-1996
La production de masse a débuté en 1996 en collaboration avec Sunn, une entreprise française spécialisée dans les VTT.
Dès 1998, les snowscoots étaient testés sur les pistes de dix pays, des premières compétitions internationales, dont des championnats du monde, ont été organisées. Aujourd’hui, de nombreuses nations possèdent leur propre association consacrée à ce sport hivernal extrême.
La technique de descente en snowscoot est bien plus complexe que celle du snowboard. C’est pourquoi il est conseillé d’acquérir une certaine expérience en ski alpin avant de l’essayer. Les vitesses atteintes sont impressionnantes, mais les réactions du snowscoot face aux bosses, creux ou tremplins peuvent être imprévisibles. Lors de sauts, il n’est pas rare que le rider et son “vélo des neiges” se séparent en plein vol, atterrissant chacun de leur côté.
De l’avis de nombreux adeptes des descentes enneigées, le snowscoot est probablement l’une des disciplines les plus extrêmes du « downhill », et comporte un risque élevé de blessures.
Un sport proche en esprit et en équipement est le ski biking. On utilise un « vélo des neiges » conçu pour les descentes rapides, connu sous plusieurs noms anglophones : Snow Bike, Skibob, Skike ou Skicycle. Contrairement au snowscoot, il est plus facile à piloter qu’il n’y paraît et reste stable à haute vitesse. Ce type de vélo peut même être fabriqué artisanalement dans un atelier.
Snow-kayaking
Les passionnés de kayak et de descentes en eau vive n’ont pas été laissés de côté en hiver.
Le snow-kayaking ou snow boating est une discipline où l’on descend les montagnes enneigées à bord de kayaks spécialement conçus pour la neige. L’athlète, assis dans le kayak, tient dans ses mains une véritable pagaie qu’il utilise pour diriger son embarcation pendant son mouvement rapide vers le bas.
Les vidéos de ces descentes impressionnent non seulement par la vitesse atteinte, mais aussi par l’habileté des athlètes qui affrontent des pentes raides, des ravins et des tremplins, tout en réalisant parfois des figures acrobatiques.
Le snow-kayaking est un sport réservé aux passionnés dévoués à cet extrême hivernal. Toutefois, qui sait, peut-être cette discipline trouvera-t-elle également un avenir professionnel. Ce sport a été officiellement reconnu en 2002, et le premier championnat du monde s’est tenu en 2007 en Autriche.
Enfin, il convient de s’attarder sur le skijoring, un autre sport extrême hivernal fascinant. Ce sujet fera l’objet d’un article séparé.